L'avis du psy, par le Docteur Danche


la mort

Il existe autant de collections que de collectionneurs: on connait par exemple des collectionneurs de paires de chaussettes ou d'ampoules à baillonnettes, il semble n'y avoir aucune limite, du moment que l'objet est vu comme devant être possédé, et non pas utilisé. Car dans la collection, c'est bien la dimension symbolique de la possession qui prime: il s'agit d'accumuler pour lutter contre le temps, d'avoir enfin prise sur lui en "sauvant" des objets. Souvent le collectionneur prétexte ainsi retrouver des émotions de la jeunesse, mais en réalité, son souhait est de dépasser symboliquement l'existence réelle et surtout son terme: la mort.

le sexe
Les Freudiens parlent à propos de la collection de retour au stade anal, époque archaïque de l'existence, où la valeur centrale pour l'enfant est de retenir, pour plaire aux parents. Entre 7 et 12 ans, la collection apparait chez les enfants, en réplique, comme un moyen de maitriser le monde et sa diversité. Elle reviendra dans la vie adulte vers la quarantaine, quand la sexualité génitale devient moins centrale, voire absente, les objets remplaçant les émotions. C'est ainsi que le collectionneur parlera de "coup de foudre" pour le bibelot qu'il vient d'acheter et qui n'a de vraie valeur que pour lui-même. De même, le seul objet manquant de sa collection est celui auquel le collectionneur apportera le plus de prix, comme Don Juan qui n'estime que ses conquêtes à venir. La notion d'insatisfaction, à l'image de celle ressentie dans la relation charnelle, est donc centrale.


la dépression
Le collectionneur vise à séquestrer la beauté pour être seul à en jouir. Son plaisir, s'il n'est pas solitaire, devient alors de montrer ses trésors à des personnes triées sur le volet, qui sauront y être sensibles. Echouer dans cette tentative de partage de son univers peut conduire le collectionneur à un accident émotionnel passager, mais sans gravité car ne pouvant remettre en cause la nécessité de la collection.

Plus symbolique, la fin d'une collection, sans être véritablement un trouble mental, marque en général le début d'une dépression chez le collectionneur, qui conduit souvent au démarrage d'une nouvelle collection, marquant par là une re-naissance et s'accompagnant d'une certaine euphorie.

 

Diagnostic personnalisé de la collection de NOREV d'Erwan

Noé fut le premier collectionneur de l'histoire, car tout animal qu'il n'emportait pas en double était condamné à périr. Freud lui-même collectionnait les objets d'art antiques: à sa mort, on en retrouva plus de 3000 dans sa piaule. Marchant dans les pas de ces glorieux prédécesseurs, Erwan, lui, il collectionne les NOREV, ça lui plait, et il emmerde les psys de bistrot à la mords-moi-le-noeud.

Lire la suite: l'avis du vrai psy